Le 9 mai, nous célébrons traditionnellement l’unité de l’Europe. La veille de cette date marque aussi la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’idée même de Robert Schuman était de rendre impossible un nouveau conflit armé sur le sol européen. Aujourd’hui, la guerre et la destruction sont de retour sur notre continent. L’agression de Vladimir Poutine contre l’Ukraine menace la paix que nous avons construite au cours des dernières décennies. Depuis des années, Poutine essaie de diviser et d’affaiblir notre Union. Les atrocités russes en Ukraine nous rappellent chaque jour à quel point l’unité et la solidarité européennes sont essentielles. Nous devons repenser notre politique énergétique, renforcer notre architecture de sécurité et de défense. Nous devons rendre l’Europe plus efficace afin de poursuivre son objectif initial : garantir la paix et la prospérité sur son sol.
Comme l’a un jour dit Jean Monnet, inspirateur de la déclaration Schuman, « l’Europe se forgera dans les crises, et sera la somme des solutions adoptées pour ces crises ». Il y a deux ans, au début de la pandémie, nous avons appelé de nos vœux une action commune des pays européens, à la fois pour surmonter cette crise et pour engager un processus de reconstruction. Les institutions de l’Union européenne et les États‐membres ont été à la hauteur de la tâche. En à peine deux ans, nous avons réussi à mettre en œuvre une politique commune d’acquisition et de distribution des vaccins indispensables pour vaincre la pandémie. En à peine deux ans, l’Union européenne a également réussi à concevoir et à mettre en œuvre le plus grand plan de relance de notre histoire : en termes de solidarité, de ressources mobilisées et de volontarisme, mais le plus grand aussi par l’engagement qu’il représente en faveur des réformes dont nous avons besoin aujourd’hui. Nous nous sommes tournés vers l’Europe. Et l’Europe a répondu dans un esprit de solidarité.
Aujourd’hui, nous devons faire preuve de solidarité envers l’Ukraine, avec ceux qui luttent pour l’existence et la liberté de leur pays comme avec ceux qui ont cherché refuge dans l’Union européenne. Nous avons la ferme volonté de reconstruire ce pays en tant que partie intégrante de notre communauté de valeurs. Nous aurons besoin d’un plan Marshall pour l’Ukraine. La solidarité est également nécessaire avec les États‐membres de l’Union européenne qui, au voisinage de l’Ukraine et de la Russie, sont les plus exposés à la menace russe et reçoivent le plus grand nombre de réfugiés ukrainiens.
Pour rester un acteur international fort, permettre à l’Union de parler d’une seule voix sur la scène mondiale et nous montrer capables de préserver les valeurs européennes de liberté, de croissance et de cohésion, nous devons aussi apporter une réponse énergique à d’autres défis : l’urgence climatique, la numérisation de nos sociétés, des administrations et des services publics, la garantie d’une croissance inclusive préservant la cohésion incarnée par le modèle social européen et la promotion de la recherche scientifique. Pour faire face aux défis actuels, nos pays n’ont pas de meilleur instrument que l’Union européenne, cimentée par l’histoire, par un ensemble de valeurs, par un projet partagé de paix et de prospérité.
Cela nécessite des compromis et une meilleure compréhension entre les États‐membres. Cela signifiera parfois ne pas pouvoir aller aussi loin qu’on le voudrait, parce que seule une action commune nous permet d’agir avec la force, la légitimité et l’efficacité nécessaires. L’Union européenne s’appuie sur des ressources communes, mais aussi et surtout sur des politiques et décisions communes prises dans un climat de confiance, de loyauté et de solidarité. Elle agit dans l’intérêt commun, afin de continuer à avancer vers un avenir juste, durable et inclusif, tant pour les États‐membres que pour les citoyens. Nous devons garder cela à l’esprit chaque fois que l’Union est appelée à agir.
Nous nous engageons à reconnaître et à intégrer les intérêts de tous les citoyens européens : par l’intermédiaire de nos gouvernements nationaux mais aussi, plus particulièrement, via les représentants au Parlement européen et la participation directe qu’offre la Conférence sur l’avenir de l’Europe. Les parlements nationaux ont eux aussi un rôle à jouer, en s’impliquant systématiquement – et en temps utile – dans l’élaboration des politiques publiques et de la législation de l’Union. Nous devons avant tout aller à la rencontre de nos concitoyens et engager avec eux un dialogue sur l’avenir de l’Europe, pour combattre efficacement les mouvements populistes et nationalistes qui appellent au retour à des sociétés fermées sur elles‐mêmes et étrangères aux besoins comme aux défis de notre temps.
Nous, Présidents de l’Assemblée nationale française, du Bundestag allemand, de la Camera dei Deputati italienne et du Congreso de los Diputados espagnol, souhaitons exprimer une nouvelle fois notre conviction que l’Europe demeure un projet de paix et de prospérité. Nos partenaires internationaux comptent également sur une Union renforcée, prête à lutter contre le changement climatique et l’injustice mondiale, capable de se défendre et de défendre ses valeurs. Nous prenons note avec grand intérêt des recommandations de la Conférence sur l’avenir de l’Europe présentées aujourd’hui, qui appellent l’attention des institutions européenne afin de renforcer l’action de l’Union. Nous avons plus que jamais besoin d’une Europe forte et unie.