Hôtel de Lassay
^{Seul le prononcé fait foi}

Monsieur le Président de la République,

Monsieur le Président, cher Claude Bartolone,

Madame,

Monsieur le Premier ministre,

Mesdames et messieurs les ministres,

Mesdames et messieurs les parlementaires, chers collègues,

Mesdames et messieurs les élus,

Mesdames et messieurs en vos titres et qualités,

Mesdames et messieurs,

Ce soir c’est l’Assemblée nationale qui est honorée.

Honorée d’accueillir le Président de la République, grand maître de la Légion d’Honneur,

Honorée de voir le Président Bartolone distingué dans l’Ordre le plus éminent de la République.

Il est rare que le Président de la République se déplace à l’Assemblée nationale, même si, Monsieur le Président, tous vos prédécesseurs sous la Vème république ont eu l’occasion de venir ici en diverses circonstances.

L’usage veut que seul l’Hémicycle vous soit interdit et nous veillerons naturellement à ce que vous ne songiez pas à y pénétrer.

Ainsi, ce fut au cours d’une rencontre organisée ici même par Jacques Chaban-Delmas que le général de Gaulle et le questeur Lucien Neuwirth parlèrent pour la première fois de la délicate question du contrôle des naissances : un échange informel qui rendit possible le grand débat de 1967 sur la légalisation de la contraception.

Plus près de nous, ce fut à l’Assemblée nationale, sous la présidence de Louis Mermaz que François Mitterrand, symboliquement, depuis une tribune dressée dans la Cour d’Honneur, rendit en 1982 un hommage solennel à Pierre Mendès France, grand parlementaire, homme d’Etat, source d’inspiration de toutes les générations qui ont pensé la justice et le progrès.

Vous le voyez, le Président de la République ne se déplace au Palais-Bourbon que dans les grandes occasions, et c’en est une qui nous réunit ce soir, puisque le Président Bartolone va recevoir les insignes d’officier dans l’ordre de la Légion d’honneur.

Cher Claude Bartolone, je voudrais vous souhaiter à vous aussi la bienvenue mais, dans votre cas, l’exercice est un peu plus difficile, car j’ai l’impression de vous dire : « Bienvenue chez vous… »

L’hôtel de Lassay, comme le Palais Bourbon, vous l’avez en effet arpenté puis habité, comme député d’abord, dès 1981, et comme président de 2012 à 2017 montrant que la présidence de l’Assemblée nationale pouvait parfois apporter un soutien critique à celle de la République…pratique bienveillante qui a vocation à perdurer.

Ce soir, cher Claude Bartolone, vous êtes entouré d’amis et d’invités qui vous témoignent fidélité, affection et admiration. Ici, les femmes et les hommes, engagés majoritairement à gauche, mais pas seulement, sont présents pour vous bien sûr, mais plus largement, je le sais, parce qu’ils ont tous vécu les joies et l’âpreté de l’engagement politique, qu’ils connaissent la rudesse de la confrontation des idées, le bonheur d’une élection gagnée et la tristesse d’une élection perdue.

Tout ce qui fait la passion qui rend vivantes les convictions, tout ce qui fait le sel mais aussi parfois le poivre de la vie politique est connu de tous les présents.

Et dans une période où il est, entre autres, de bon ton de mettre en doute la sincérité d’un engagement, de maltraiter ou de nourrir les idées fausses sur les parlementaires, ce rassemblement pour cette cérémonie montre que les valeurs de la République sont largement partagées, et que nous serons toujours nombreux pour les défendre et pour ne jamais permettre leur altération.

Permettez-moi aussi de souligner en votre présence, parce que vous l’incarnez si bien, combien le mandat de député est à la fois harassant et passionnant pourvu qu’on y investisse le meilleur de soi-même.

C’est un privilège autant qu’une charge que d’être choisi par des compatriotes pour siéger là où s’élabore l’expression de la volonté générale.

Vous avez démontré, et chacun en garde le souvenir, que vous étiez un Président de l’Assemblée nationale qui aimait les députés, parce que notre Assemblée représente la diversité des opinions, la diversité des terroirs, la diversité de la France unifiée dans l’amour et le service de la République.

J’évoquerai aussi une qualité plus personnelle qui vous fait aborder et considérer avec la même simplicité les grands de ce monde et chacun de nos compatriotes parce que pour vous les grands de ce monde, ce sont les citoyens.

Votre Présidence, j’en porte témoignage, a su mêler une forme de bienveillance exigeante, d’autorité certaine qui inspirait la fierté pour chacun d’être député sous votre présidence.

Plus que jamais, cette fierté est nécessaire parce qu’elle est indissociable de l’humilité requise quand on prétend servir son peuple, à l’inverse de tous ceux qui exercent bien des pouvoirs sans la légitimité de l’élection.

Qui vous a connu sait qu’en République et en démocratie, le plus beau des diplômes, la plus élevée des reconnaissances, est l’élection.

Cher Claude Bartolone, je me contenterai donc de vous dire tout le plaisir et l’honneur qui sont les miens de vous accueillir ici, car vous le savez, je vous voue une respectueuse affection.

Et puis je sais que vous avez la République chevillée au corps, accrochée au cœur, et que ce que vous êtes nous donne chaque jour l’ambition et l’énergie de porter haut les valeurs de notre devise nationale de liberté, d’égalité et de fraternité, à l’Assemblée nationale, où voici 230 ans, nos prédécesseurs ont décidé que s’exprimait la souveraineté du peuple français.

Bienvenue !