Inauguration de la tapisserie de l'école d'Athènes

Mardi 15 septembre

Hémicycle 
Seul le prononcé fait foi


Mesdames et messieurs les vice-présidents,
Mesdames et messieurs les questeurs,
Mesdames et messieurs les députés,
Messieurs les secrétaires généraux,
Monsieur le directeur du Mobilier national, cher Hervé Lemoine,
Mesdames, messieurs,

Dans quelques instants, l’hémicycle va retrouver ses couleurs.

Je ne parle pas de ses couleurs politiques, qui sont bel et bien présentes, dans le subtil nuancier de notre pluripartisme. Je veux parler des couleurs autrefois éclatantes de la tapisserie L’École d’Athènes – qui, en un siècle et demi, avaient fini par s’éteindre, sous le double effet du temps et de la poussière.

Or, laisser s’éteindre l’humanisme, nous n’en avions pas le droit ! L’Assemblée nationale a donc souhaité restaurer cette oeuvre, si intimement liée à notre histoire parlementaire.

L’hémicycle que nous connaissons date de la monarchie de Juillet. C’est pourquoi, à l’origine, derrière le fauteuil présidentiel, c’était un grand tableau à la gloire de Louis-Philippe qu’on voyait, montrant le roi des Français prêtant serment de respecter la Charte constitutionnelle.

Une scène qui déplaît quand, le 24 février 1848, le peuple de Paris s’invite dans l’hémicycle pour y demander la République.
On se prépare à donner des coups de sabre et d’épée dans le tableau, un homme armé d’un fusil tire sur Louis-Philippe ! Mais un ouvrier s’élance à la tribune et prononce ces mots profonds : « Respect aux monuments ! […] Nous avons montré qu’il ne faut pas malmener le peuple, montrons maintenant que le peuple sait respecter les monuments et honorer sa victoire ! »

Cet orateur anonyme avait raison. Oui, il faut respecter les monuments et les oeuvres légués par notre histoire commune. Oui, nous devons entretenir et transmettre ce patrimoine, qui est celui de tous les Français.

Louis-Philippe enlevé, il fallut trouver une oeuvre qui convienne à tous, des monarchistes aux démocrates, des plus cléricaux jusqu’aux plus incroyants, en passant par les modérés. Ce fut L’École d’Athènes, car, par-delà toutes leurs différences, toutes leurs divergences, les députés français estimèrent qu’ils avaient tout de même un héritage précieux en commun : l’humanisme.

L’humanisme, c’est d’abord la raison, dont nous avons si grand besoin en démocratie. C’est aussi l’esprit critique, le libre examen, la liberté d’expression, cet idéal athénien qu’a voulu reprendre à son compte la France issue des Lumières et de la Révolution.

L’humanisme, c’est enfin l’engagement des talents au service de la cité.

Comme nous l’apprit Platon, « il y a, selon moi, naissance de la société du fait que chacun de nous, loin de se suffire à lui-même, a au contraire besoin d’un grand nombre de gens ».

Ce constat philosophique s’applique aussi au magnifique travail de restauration qui aboutit enfin aujourd’hui.
Un petit film va nous donner un aperçu du métier, de la patience et de la technicité qu’il a fallu déployer pour redonner vie à cette tapisserie. Mais sans attendre, je veux remercier et féliciter la Manufacture des Gobelins qui s’est acquittée avec un remarquable savoir-faire de cette tâche, à la fois ambitieuse et délicate.

Avec les services de l’Assemblée nationale, votre collaboration a été exemplaire. Dans vos ateliers, que j’ai eu la grande chance de visiter, chaque centimètre carré de la tapisserie a été scruté, nettoyé, impeccablement restitué. Comme l’expliquait Aristote, « l'excellence est un art que l’on n’atteint que par l’exercice constant. Nous sommes ce que nous faisons de manière répétée.

L’excellence n'est donc pas une action mais une habitude. »

Cette habitude de l’excellence, cher Hervé Lemoine, est justement la marque de fabrique du Mobilier national et de la Manufacture des Gobelins, dont je salue les artisans ici présents. Grâce à vous, grâce au savoir-faire extraordinaire que vous maintenez et qui constitue en lui-même l’un des fleurons de notre patrimoine, nous allons retrouver L’École d’Athènes, telle que pouvaient la voir ici même nos grands prédécesseurs, Gambetta, Jules Ferry, Clemenceau ou Jaurès…

En cette rentrée parlementaire de 2020, les députés ne pourront plus ignorer qu’ils légifèrent sous le regard de Platon et d’Aristote ; et s’ils ont le droit de rechercher le bonheur dans l’ataraxie, comme Épicure, voire d’interpeller la société sans ménagement, comme Diogène, je souhaite aussi qu’ils travaillent avec toute la rigueur d’Euclide et la même inventivité que Pythagore.

Raphaël avait figuré ces penseurs sous les traits des grands esprits de son temps. Lui-même s’était représenté en bordure de la tapisserie et l’élargissement du cadre qui résulte de cette restauration permettra de le voir. Surtout, son message était que les grandes idées traversent le temps, et qu’au-delà des personnes, elles irriguent les sociétés.

Les couleurs retrouvées de cette tapisserie éclaireront nos débats. Aristote nous l’a dit d’ailleurs : « Plus une chose est difficile, plus elle exige d’art et de vertu. » Légiférer n’est pas simple, mais les vertus de L’École d’Athènes et tout l’art de sa restauration nous seront d’un grand secours.

Au nom de la République platonicienne, je vous remercie.

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