La Nuit du droit Discours de bienvenue pour la création de la pièce "Hugo, un procès"

Lundi 4 octobre

Hôtel de Lassay
Seul le prononcé fait foi

Mesdames et messieurs les députés, chers collègues,
Mesdames, messieurs,

Nous voici réunis pour fêter la Nuit du droit, cette manifestation nationale lancée par le président du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius, et qui a lieu 
le 4 octobre, date anniversaire de notre Constitution.

La Nuit du droit aurait dû avoir lieu l’année dernière à l’Assemblée nationale, mais les restrictions sanitaires en ont décidé autrement. C’est donc un grand bonheur pour moi de vous accueillir enfin, cette année, pour cet exercice de valorisation du droit par le spectacle.

Le droit est omniprésent dans la société, dans nos vies. Tous, nous avons des droits, des devoirs, et même si nous n’en avons pas toujours conscience, ce sont des normes juridiques qui en délimitent les contours.

Parmi ces normes, la loi occupe une place centrale et c’est justement ici qu’elle est forgée, débattue, amendée, votée. Qu’il s’agisse d’un projet de loi, déposé par le Gouvernement, ou d’une proposition de loi, rédigée par un parlementaire, les députés ont pour mission de l’examiner, de l’améliorer, avant de se prononcer sur son adoption. 

L’Assemblée nationale exerce en outre une double mission de contrôle 
et d’évaluation, qui la conduit à se prononcer sur la mise en œuvre des lois votées, ainsi que sur les effets à long terme de notre législation. 

Au total, le travail parlementaire est intense, délicat, tout en nuances et aussi très prenant. En commission, puis dans l’hémicycle, les députés travaillent de jour mais aussi, très souvent, de nuit. Oui, les nuits du droit sont courantes pour les parlementaires, mais celle qui nous attend ce soir sera plus récréative, puisqu’il s’agit de la création d’un spectacle : Hugo, un procès, la pièce de Nicolas Lormeau, que vont interpréter Thierry Hancisse, sociétaire de la 
Comédie-Française, et Pierre Hancisse, ancien pensionnaire de la 
Comédie-Française.

Je les remercie d’être venus pour nous présenter, à travers cette pièce, 
un splendide plaidoyer pour la liberté d’expression et de création. 

Certes, l’action se passe en 1832, quand Victor Hugo intente un procès contre la censure de sa pièce Le Roi s’amuse. 

Mais la question de la liberté artistique demeure à l’évidence un combat aujourd’hui, quand tant de dictatures pratiquent encore la censure à travers le monde, quand tant d’extrémistes voudraient intimer aux créateurs l’ordre de s’autocensurer, y compris dans notre démocratie. 

Notre rôle, en tant que députés, est donc de nous montrer vigilants, exigeants, pour que les écrivains, les artistes, les journalistes, les caricaturistes, les enseignants, tous ceux qui inventent, créent, propagent la connaissance, puissent s’exprimer librement.

Un détail historique doit retenir toute notre attention, parce qu’il est significatif : quand il fit le choix d’un avocat pour plaider sa cause, le jeune Victor Hugo, dramaturge de trente ans, se tourna vers un défenseur de la liberté qui était aussi député : maître Odilon Barrot, député de l’Eure, puis de l’Aisne, était même le chef de file du « parti du Mouvement », coalition des forces de progrès sous la monarchie de Juillet, ainsi dénommée par opposition au « parti de l’Ordre », mouvance conservatrice.

En sommes-nous vraiment sortis, depuis Louis-Philippe, de cette opposition entre un « parti du Mouvement » et un « parti de l’Ordre »?  Je n’en suis pas certain. 

Victor Hugo, lui aussi, rejoindra le combat politique et parlementaire, en 1848. 
On sait les grands discours qu’il prononça pour l’abolition de la peine de mort, le soulagement de la misère, l’instruction, la laïcité, le suffrage universel, les droits de l’enfant, les « États-Unis d’Europe »… 

Chez lui, la liberté de création artistique ne se dissociait pas d’une quête plus générale de liberté et de fraternité, qui englobait tous les êtres humains dans un mouvement d’émancipation et de progrès général.
Comme tous les réformateurs, Victor Hugo eut des ennemis, d’autant plus acharnés qu’ils ne lui pardonnaient pas d’avoir tous les talents. Parce qu’il était dramaturge, les conservateurs le traitèrent en histrion et c’est avec un sourire consternés que nous pouvons lire, aujourd’hui, dans les comptes rendus de ses discours, des interruptions comme celles-ci : « Tous les comédiens ne sont pas au théâtre ! – Allez porter ça à la Porte-Saint-Martin ! – Laissez-le jouer sa pièce… »

Hugo leur avait répondu d’avance, à l’Assemblée nationale constituante, 
le 17 juillet 1848, quand il était rapporteur du budget des théâtres. 

« Messieurs, disait-il à ses collègues, ce que vous ferez en ce moment sera utile pour le présent et fécond pour l’avenir. Ce ne sera pas un bienfait perdu ; venez en aide au théâtre, le théâtre vous le rendra. Votre encouragement sera pour lui un engagement. 

Aujourd’hui la société secourt le théâtre, demain le théâtre secourra la société. Le théâtre, c’est là sa fonction et son devoir, moralise les masses en même temps qu’il enrichit la cité.

Il peut beaucoup sur les imaginations ; et, dans des temps sérieux comme ceux où nous sommes, les auteurs dramatiques, libres désormais, comprendront plus que jamais, n’en doutez pas, que faire du théâtre une chaire de vérité et une tribune d’honnêteté, pousser les cœurs vers la fraternité, élever les esprits aux sentiments généreux par le spectacle des grandes choses, infiltrer dans le peuple la vertu et dans la foule la raison, enseigner, apaiser, éclairer, consoler, c’est la plus pure source de la renommée, c’est la plus belle forme de la gloire ! »

Dans le même esprit, l’Assemblée nationale est heureuse et fière de vous accueillir pour découvrir cette nouvelle pièce, signée Nicolas Lormeau, qui témoigne de la vitalité du jeune théâtre français.

Je vous remercie.

Toutes les actualités

Mercredi 23 mars 2022

Discours

Discours de Richard Ferrand à l'occasion de l'intervention de M. Volodymyr Zelensky, Président de l’Ukraine, dans l'hémicycle

Mercredi 9 mars 2022

Discours

Ouverture de la réunion constitutive du Groupe de coopération parlementaire entre l’Assemblée nationale et la Chambre des députés italienne.

Mercredi 9 mars 2022

Discours

Ouverture de la convention nationale de prévention des violences dans le sport, à l’Assemblée nationale.

Mercredi 2 mars 2022

Discours

Inauguration de la Salle du Jeu de Paume du château de Versailles

Mardi 1 mars 2022

Discours

Inauguration à l’Assemblée nationale de la "salle Aimé Césaire"

Mercredi 23 février 2022

Discours

Inauguration de la salle « Michel Crépeau »

Lundi 21 février 2022

Discours

Ouverture de la réunion plénière de l’Assemblée parlementaire franco-allemande

Mercredi 16 février 2022

Discours

Ouverture du colloque « 80 ans du procès Palais-Bourbon »

Mardi 15 février 2022

Discours

Signature de la convention de soutien à la politique de la réserve opérationnelle entre le ministère des Armées et l’Assemblée nationale

Lundi 14 février 2022

Discours

Ouverture du colloque sur « L’application du droit voisin dans le secteur de la presse »

Samedi 12 février 2022

Discours

Remise des prix de la 31e Journée du Livre Politique

Mercredi 2 février 2022

Discours

Cérémonie de dévoilement d’une plaque dans l’hémicycle en mémoire de M. Valéry Giscard d’Estaing

Mercredi 26 janvier 2022

Discours

Ouverture de la présentation des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 par le comité d’organisation olympique

Mercredi 19 janvier 2022

Discours

Cérémonie de dévoilement d’une plaque dans l’hémicycle en mémoire de M. Hubert Germain

Mercredi 8 décembre 2021

Discours

Ouverture de la remise des Trophées du Prix Territoria

Mercredi 8 décembre 2021

Discours

Ouverture du colloque « L’agenda 2030 au cœur des territoires, une décennie critique pour les élus »