Exposition « Touche pas à mon professeur »

Hôtel de Lassay, Salle des Pas-perdus
Seul le prononcé fait foi

 

Mesdames et messieurs les députés,

Monsieur le professeur Gilles Roumieux,

Mesdames, messieurs,

Chers élèves,

 

Nous sommes réunis pour inaugurer l’exposition « Touche pas à mon professeur », dont vous apercevez les panneaux : elle reprend le travail réalisé par le professeur Gilles Roumieux et ses élèves du collège Jean-Racine d’Alès.

Je suis particulièrement heureux de l’inaugurer en la présence de ses auteurs, élèves et professeur. Élèves de troisième l’année dernière, aujourd’hui en seconde et ayant chacun suivi leur chemin, ils se sont pourtant donnés rendez-vous ici aujourd’hui, pour présenter à la représentation nationale leur travail, et pour porter leurs messages. Pour saisir toute l’importance de leur engagement, il faut revenir aux sources de leur démarche.

Il y a près d’un an, le 16 octobre 2020, Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie, après avoir été la cible d’une violente campagne sur les réseaux sociaux, tombait victime d’un attentat ignoble.

Pour avoir utilisé des caricatures lors d’un cours sur la liberté d’expression, pour avoir exercé avec honnêteté et engagement son métier d’éclaireur des consciences, un homme, un professeur, était assassiné de la plus brutale des façons. Cela, nous ne pourrons jamais nous y résoudre. Cette blessure reste ouverte, pour nous tous.

Car, à travers Samuel Paty, c’est bien la République laïque que l’on cherchait à atteindre, ce sont nos valeurs que l’on cherchait à faire vaciller sur leur socle, notre histoire et notre société de tolérance que l’on attaquait. Le choc a été très violent pour tous.

C’est avec une émotion particulière que je me remémore le moment de cohésion qu’a connu alors l’Assemblée nationale, sur les marches de la colonnade, pour un hommage partagé, démontrant s’il en était besoin que certaines causes, certaines douleurs transcendent nos désaccords et dépassent nos dissensions.

Nous le savons tous ici, l’Assemblée nationale est le lieu emblématique des plus grandes victoires républicaines : l’adoption des lois Ferry et Goblet permettant l’instruction primaire gratuite, laïque et obligatoire, la loi de 1881 instituant la liberté de la presse et autorisant la caricature, la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905 créant les conditions d’un consensus sur une laïcité apaisée. Ces grandes lois ont dessiné le paysage intellectuel de notre République : elles constituent le cadre fondamental de notre société.

La minute de silence partagée l’an dernier dans l’hémicycle, à l’annonce de l’atroce assassinat, comme le moment d’union immortalisé par la photo des députés se tenant debout ensemble pour honorer Samuel Paty, doivent toujours nous rappeler que les députés peuvent entre eux être des opposants : ils ne sauraient devenir des ennemis.

Le bien commun de la démocratie et des valeurs républicaines essentielles transcende nos clivages politiques, précisément parce qu’il les rend possibles et les sublime par la parole, ainsi substituée à la violence. 

L’exposition qui nous réunit aujourd’hui me semble être la meilleure des réponses à ceux qui voudraient nous atteindre, le meilleur témoignage de la mission des professeurs, qui exercent chaque jour leur rôle de relai, de passeurs de lumières auprès des jeunes générations, le meilleur démenti aux forces de l’obscurantisme. 

Elle rend un hommage vibrant à Samuel Paty, hommage auquel j’ai souhaité associer notre institution en l’accueillant dans nos murs, dans le cœur battant de la démocratie et du dialogue que constitue l’Assemblée nationale.

Un hommage au sens propre du terme, en forme de don marquant la reconnaissance, de geste désintéressé, poursuivant l’esquisse tracée par Monsieur Paty dans l’esprit de tous ses élèves. Nous espérons ici, en cette vaste salle des Pas-Perdus où le peintre Horace Vernet figura au plafond la France pacifique, offrir un espace pour que le trait de la plume se prolonge sur la feuille.

Cette exposition est née du souhait d’un professeur, M. Gilles Roumieux ici présent, que le silence ne retombe pas, après l’acte innommable.

Elle dit notre volonté de continuer le dialogue avec les élèves, malgré tout, malgré l’émotion qui peut parfois nous paralyser, malgré la difficulté à mettre des mots sur ce qui ne devrait jamais se produire. À ses élèves de troisième du collège Jean-Racine d’Alès, Monsieur Roumieux a proposé d’engager une réflexion, sur leur rapport à la figure du professeur, sur ce que signifie vivre dans un pays libre, sur ce qu’est pour eux l’acte de résister.

Poursuivant naturellement, spontanément, sa mission d’instruction et celle bien plus ambitieuse d’éducation, il les a poussés à s’interroger sur le sens de leur citoyenneté en devenir et, par un dialogue toujours bienveillant, les a conduits à s’élever par la parole.

À cet égard, agissant proprement comme un tuteur, vous avez fait vôtre ce conseil de Rousseau au précepteur, dans la relation à son élève : « Mettez les questions à sa portée, et laissez-les lui résoudre. »

Ce sont les paroles de ces jeunes gens qui s’inscrivent ainsi sur les panneaux, autour de vous, mesdames et messieurs les députés, et qui seront le point de départ de l’échange que les élèves sont venus vous proposer aujourd’hui.

Cette exposition s’est vue décerner le prix de l’Initiative laïque aux Rendez-vous de l’Histoire de Blois vendredi dernier, et j’ai moi-même eu le plaisir d’en être le témoin.

Quel meilleur hommage, donc, à la mémoire de Samuel Paty, fauché par la barbarie pour avoir voulu exercer sa mission primordiale d’éducation, qu’un projet d’élèves si abouti, mettant si bien en exergue la capacité des jeunes générations à toujours voir la lumière au-delà des ténèbres ? Quel meilleur message d’optimisme ?

Avant de vous inviter à parcourir l’exposition aux côtés des élèves présents, je voudrais donner la parole à leur professeur, Gilles Roumieux, s’il souhaite prononcer quelques mots.

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